samedi 24 mai 2025

IL Y A TRENTE ANS, LA FIN DES NORDIQUES DE QUÉBEC...


Il y a trente ans, le 25 mai 1995, le président de l'équipe, 
Me Marcel Aubut, annonçait la vente des Nordiques de Québec et leur transfert au Colorado. Un coup de masse sur la tête des partisans des Fleurs-de-lysés qui ne s'étaient jamais résolus à voir un jour leur bien-aimé club de hockey déménager aux États-Unis.

Un choc si terrible qu'il avait même enlevé aux Québécois la force ou le désir de protester ou de manifester leur mécontentement, à l'exception d'une minuscule clique de fidèles des Bleus, dont les cris se perdirent rapidement dans le vide. Un vide immense, triste, assommant, désolant...

Le temps de réaliser vraiment cette perte énorme pour la vieille capitale, la formation, rebaptisée l'Avalanche du Colorado, gagnait la Coupe Stanley, l'année suivante. Ce qui équivalait à tourner le couteau dans la plaie de leurs anciens partisans québécois.


Quelques hurluberlus osèrent fêter ce championnat sur la Grande Allée, à Québec, en prétendant que c'est l'équipe de la vieille capitale qui l'avait remporté. Mais à part eux, tout le monde dans la cité de Champlain savait trop bien que les Nordiques n'auraient pas mis la main sur le précieux saladier de Lord Stanley sans le gardien de buts étoile 
Patrick Roy, le cadeau que Réjean Houle et le Canadien de Montréal ont «donné» à l'Avalanche en décembre 1995, et qui a grandement facilité leur première conquête du trophée emblématique des champions de la Ligue Nationale de Hockey (LNH).


En effet, si les Nordiques n'avaient pas déménagé à Denver, jamais le CH ne l'aurait échangé, en compagnie de Mike Keane, à l'équipe de Québec, sa grande rivale provinciale. Une rivale gênante dont la direction du CH avait tenté de bloquer l'entrée dans la Ligue Nationale en 1979.

Est-ce que le départ des Nordiques aurait pu être évité ? Peut-être, si les politiciens élus par le peuple avaient cru en l'avenir du club. Mais à l'époque, les conditions économiques étaient difficiles, le dollar canadien était faible, et toutes les demandes à l'aide de Marcel Aubut, y compris l'établissement d'un plafond salarial pour les joueurs, avaient été rejetées.


Pas de nouveau Colisée, pas de casino pour servir de moyen de financement, pas d'ouverture au niveau de la mairie de Québec (maire Jean-Paul L'Allier), aucun secours du gouvernement péquiste de Jacques Parizeau (photo ci-dessus).  Quelques années plus tard, le 31 janvier 2001, quand le Canadien sera en difficulté, le gouvernement provincial sera bien plus accommodant en consentant un prêt avantageux à l'américain George Gillett Jr pour qu'il achète le club et le Centre Molson pour 275 millions de dollars. 

Les habitants de la région de Québec, déchus de leur club de hockey professionnel par le gouvernement Parizeau, feront d'ailleurs payer cher cette rebuffade aux péquistes. Un "oui" très timide de leur part au référendum du mois d'octobre 1995, a possiblement privé les souverainistes de la mince marge qui leur aurait procuré la victoire.

Par la suite, les électeurs de Québec n'ont jamais plus fait confiance au Parti Québécois pour les représenter à l'Assemblée Nationale. Je ne prétends pas que c'est uniquement à cause du dossier du départ des Nordiques, mais cela a pu être un facteur qui a laissé un arrière-goût amer dans la bouche des partisans endeuillés des Fleur-de-lysés...

mercredi 9 octobre 2024



JAMAIS  TROP  TARD  POUR  CORRIGER  UNE  INJUSTICE  :  JEAN-CLAUDE  TREMBLAY  DEVRAIT  AVOIR  SA  PLACE  AU  TEMPLE  DE  LA  RENOMMÉE  DU  HOCKEY.

Je ne sais pas comment cela pourrait être possible, mais on devrait réhabiliter la mémoire d'un des plus grands joueurs de l'histoire du hockey, et lui faire enfin la place qui lui revient d'emblée au Temple de la Renommée du Hockey, à Toronto.  Ce grand joueur, c'est le Saguenéen Jean-Claude Tremblay, qui a connu une carrière incroyable pendant onze ans, avec le Canadien de Montréal (1965-1971), et sept autres saisons exceptionnelles avec les Nordiques de Québec (1972-1979), de la défunte Association Mondiale de hockey.

Tremblay a été un joueur de défense dominant, avant-gardiste, avec une connaissance extraordinaire de la façon que notre sport national devait être joué.  Comme les plus grands hockeyeurs du passé (dont Wayne Gretzky) ou d'aujourd'hui, il possédait ce 6e sens, cette vision et cette lecture du jeu, qui lui donnait un avantage sur tous les autres joueurs de son époque.  Sur une patinoire, il était comme un poisson dans l'eau.  Il savait quoi faire dans toutes les situations.  C'était un scientifique du hockey.  Ce n'est pas pour rien qu'on l'a surnommé "le magicien de la ligne bleue".

Avec le Canadien, il a remporté cinq Coupes Stanley, et avec les Nordiques, il a gagné la Coupe Avco en 1977.  Seulement pour ses onze campagnes avec le CH, Jean-Claude aurait mérité sa place au Temple de la Renommée.  Il a été un défenseur tellement dominant, surtout en séries éliminatoires, et dans la conquête des Coupes Stanley de la Sainte Flanelle.  On estime qu'il a été privé d'au moins un, sinon trois trophées Connie-Smythe, parce que les propriétaires d'équipes, qui décernait la récompense, préféraient la donner à des joueurs plus renommés que le no 3 du CH.


Tremblay a toujours été ulcéré par cette injustice, et par le manque de reconnaissance de son équipe, et des autorités de la Ligue Nationale, à son endroit.  

S'estimant injustement exploité, parce qu'il n'était pas payé à la hauteur de son immense talent et de ses exploits sur la patinoire, il a décidé de quitter le Canadien, pour se joindre au club de Québec, dans la nouvelle Association Mondiale de Hockey.  Avec Bobby Hull et quelques autres gros transfuges de la LNH, Jean-Claude donnait ainsi une crédibilité à ce circuit que l'on qualifiera de "circuit maudit".

Avec sa défection du célèbre club montréalais, Tremblay doublait son salaire (à $ 140 000 par saison) avec les Nordiques.  Mais son geste était jugé comme une trahison et une grave erreur par les gens de la grande ligue, et ses anciens coéquipiers du CH.  Les propriétaires des clubs de la LNH étaient furieux, car les grosses augmentations de salaire consenties aux joueurs par l'AMH ont provoqué une flambée des gros contrats en faveur des joueurs professionnels.  Cela leur a coûté des millions de dollars.


J.-C. Tremblay et les autres ex gros joueurs de la LNH qui avaient contribué à donner ses lettres de noblesse à la nouvelle AMH, ont été pointé du doigt et stigmatisé par les bonzes du hockey.  Ces derniers ne leur ont jamais pardonnés.  C'est ce qui a sans doute privé Tremblay de la place qui lui revenait de droit au Temple de la Renommée du Hockey.

Mais, presque trente ans après le décès de Jean-Claude, au trop jeune âge de 55 ans (cancer), il serait plus que temps, que cette injustice soit corrigée.  Que l'on oublie les vieilles et vaines querelles du passé.  Tremblay a été un grand du hockey.  C'est la mission du Temple de la Renommée de le reconnaître, et de lui ouvrir ses portes, même si ce serait à titre posthume.

Même s'il ne recherchait pas les honneurs, ni être le centre d'attraction, il voulait au moins qu'on lui donne le crédit qui lui était dû.  Il aurait été fier d'être admis au saint des saints.  Il n'est plus vivant pour y accéder en personne, mais sa famille pourrait être honorée et fière de le faire pour lui.  Il est encore temps, malgré le trop grand retard.



Le journaliste sportif Mikäel Lalancette (directeur des sports au journal "Le Soleil") vient d'écrire et de faire publier une excellente biographie au sujet de Jean-Claude Tremblay (Jean-Claude Tremblay, le magicien de la ligne bleue) aux Éditions de l'Homme.  L'illustration des hauts faits de sa carrière, des témoignages éloquents de gens qui l'ont connu, mettent en lumière à la fois l'importance du hockeyeur surdoué, et la personnalité particulière de l'ancien joueur d'élite.

Le livre de Lalancette permet de sortir de l'oubli un athlète d'une force presque surnaturelle, qui a beaucoup trop passé sous le radar.  Il fallait enfin lui rendre hommage pour ses accomplissements et sa contribution à notre sport national.  S'il n'a pas été bien apprécié comme il aurait été légitime qu'il le soit, c'était peut-être en raison de sa personnalité.

Tous ceux que le journaliste du Soleil a consultés, et ce qu'il a pu lire à ce sujet dans ses recherches, font état du caractère "bourru et grognon" de Jean-Claude Tremblay.  À la fois timide et taciturne, l'ancien capitaine des Nordiques, préférait s'isoler dans son coin, et faire grise mine aux journalistes et aux partisans.  Et quand il parlait, c'était souvent pour critiquer sévèrement certains joueurs, certains dirigeants, et certains scribes !



Ce qui lui a valu des chicanes acerbes, des inimitiés, et des rancoeurs, notamment avec Maurice Richard, Red Fisher, Réal Cloutier, Gordie Howe et Guy Lafleur.  Ce qui a aussi pu lui nuire pour être reconnu comme hockeyeur de grande valeur, et... pour accéder au Temple de la Renommée !  Mais si les gens et les fans du Canadien de Montréal l'ont considéré comme un déserteur et un traître, les amateurs de hockey de Québec ne savent pas à quel point Jean-Claude a porté à bout de bras leurs Nordiques, afin qu'ils survivent jusqu'à leur entrée dans la Ligue Nationale, en 1979.  Sans lui, et son brio sur la patinoire, cela ne serait probablement pas arrivé.

À titre d'exemple, Mikäel Lalancette mentionne dans son livre que Tremblay est entré dans la légende en passant presque la totalité de deux parties sur la patinoire.  Au cours d'un match nul, avec les Nordiques, il avait joué 63 des 70 minutes de la rencontre.  Dans un autre, il avait enduré un marathon de 47 minutes de patinage !  Des exploits inimaginables dans le hockey d'aujourd'hui !

Il ne fait aucun doute dans l'esprit des joueurs qui l'ont côtoyé que Jean-Claude Tremblay a été dans la même classe supérieure que des héros comme Jean Béliveau, Maurice Richard et Guy Lafleur.  Ils rappellent comment il était un magicien en maniement de rondelle, dans son intelligence suprême du jeu, et son fameux lancer "tire- bouchon" qui faisait tellement mal paraître les gardiens de buts adverses, en les déjouant.



S'il a été un joueur de défense brillant, sa brève carrière d'entraîneur a été un échec total.  Certes ses connaissances approfondies du jeu pouvaient en faire un professeur formidable -il l'a été pendant une quinzaine d'années en Europe-, mais il était beaucoup trop impatient pour s'en servir à l'entraînement.  Il était beaucoup trop exigeant pour les joueurs.  Il ne comprenait pas pourquoi ceux-ci n'étaient pas capables de faire ce que sa surdouance personnelle lui permettait d'exécuter naturellement et facilement !  Ça le décourageait et le mettait hors de lui.  Il n'était pas fait pour être coach !

C'est Serge Savard qui a écrit la préface du livre de Mikäel Lalancette. L'ancien coéquipier de Tremblay, et ex directeur général du Canadien, est bien placé pour affirmer que Jean-Claude avait toutes les qualités pour être intronisé au Temple de la Renommée du Hockey.  Si Savard, et tous ceux qui ont apprécié l'illustre défenseur Québécois, pouvaient faire pression, ou user de leur influence, auprès du jury qui étudie les candidatures au Temple, peut-être que cette grave injustice à l'égard de Jean-Claude Tremblay pourrait enfin être corrigée.  Et qu'il aurait la place qui lui revient, en toute équité, parmi les grands du hockey, honorés dans ce lieu sacré...    

dimanche 10 décembre 2023



SUGGESTION DE CADEAU : UN LIVRE RETRAÇANT L'ÉPOPÉE DES NORDIQUES DE QUÉBEC DANS L'AMH.

Vous cherchez un cadeau à offrir à un parent ou à un ami ?  S'il est un amateur de hockey, un livre vient de paraître relatant l'histoire des anciens Nordiques de Québec dans l'Association Mondiale de Hockey (AMH).  Écrit par Jean-Philippe Otis et Jean-Pierre D'Auteuil, «LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ !», raconte la naissance (en 1972) et les débuts rocambolesques du club de hockey de Québec dans une nouvelle ligue de hockey professionnelle qui voulait concurrencer la puissante Ligue Nationale (LNH).

De 1972 à 1979, il s'en est passé des vertes et des pas mûres dans ce nouveau circuit que l'on a surnommé «le circuit maudit».  Ce fut une époque épique au cours de laquelle l'improvisation, et des conditions financières parfois précaires, pour certains clubs de l'AMH, ont provoqué des situations critiques ou loufoques, du genre...broches à foin !

Mais le nouveau circuit professionnel a aussi amené des changements originaux, de nouveaux règlements, ou des innovations qui ont fini par être adoptés plus tard par la LNH, quand l'AMH a disparu en 1979.  Six clubs de la défunte ligue ont alors été intégrés dans la LNH, à ce moment-là, dont les Nordiques.  C'est dire que, sans l'AMH, ces derniers n'auraient jamais pu accéder à la Ligue Nationale.


«LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ !» est utile et passionnant parce qu'il s'intéresse à la première édition des Nordiques, celle de l'AMH, celle qui est plus méconnue.  Car ce qu'on se souvient des Nordiques, c'est surtout leur rivalité féroce avec le Canadien de Montréal, dans la LNH.

La période de l'AMH (1972-79) avait été moins documentée et illustrée.  Otis et D'Auteuil ont donc fait un travail sérieux et remarquable dans toutes les archives de l'époque.  Ils ont déniché des trésors, autant dans des photographies inédites, des témoignages des joueurs, et des gens, qui ont connu cette époque.  Ils ont fouillé d'innombrables vieux articles de journaux, des revues, ou des films, relatifs à leur sujet.  Ils ont scruté entre 3 000 et 3 500 photos.  Un vrai travail de moines, aussi captivant que prenant !

Le résultat est vraiment formidable !  La première génération des Nordiques comprenait des personnages très colorés et souvent controversés, qui ne laissaient personne indifférent.  Chez les propriétaires et les dirigeants du club, les Marcel Aubut, Marius Fortier, Maurice Fillion, Jacques Plante, et, surtout, le premier coach, le légendaire Maurice "Rocket" Richard, n'avaient pas la langue dans leurs poches et ils ne manquaient pas d'idées autant audacieuses qu'originales.



Le transfuge Jean-Claude Tremblay (à gauche sur la photo ci-dessus, en compagnie du gardien Serge Aubry, en mars 1973), ancien défenseur étoile des Canadiens, est certes celui qui a donné le plus de crédibilité aux Nordiques, en se joignant à eux, dès la naissance du club.  Ils jouaient souvent 35, 40 ou 45 minutes par match !  Un exploit en soi !  Inédit et inimaginable !  Les amateurs de l'équipe étaient exigeants envers lui, la pierre d'assise de la formation, la vedette du club.  Selon qu'il jouait bien ou mal, on pouvait l'acclamer ou le huer.

Quand on le critiquait défavorablement, Tremblay le prenait très mal et il ne se gênait pas pour le faire savoir et à s'en prendre à ses détracteurs.  Là encore, un fait assez rare pour un athlète professionnel !

Il faut dire que le vétéran défenseur jouait généralement en dépit de blessures, ce qui était pratiquement héroïque, si on considère l'excellence de son jeu et son incroyable charge de travail !  Après la conquête de la Coupe Avco, en 1977, on a même dû lui enlever un rein endommagé qui le faisait souffrir depuis longtemps.  Il avait continué de jouer malgré tout.


À part Jean-Claude Tremblay (à droite sur la photo ci-dessus, en compagnie du DG Jacques Plante, au centre, et de Réjean Houle, à gauche, en 1973), d'autres gros noms se sont ajoutés à l'équipe au fil du temps.

Les Marc Tardif, Réjean Houle, Serge Bernier, Réal Cloutier et autres Christian Bordeleau ont marqué l'histoire du club de Québec, dans ses premières années d'existence.

Les amateurs de hockey de Québec ont aimé passionnément leurs Nordiques dès leurs débuts.  C'est la mort dans l'âme qu'ils les ont vu déménager au Colorado en 1995, après la vente du club par Marcel Aubut, à qui ils en veulent encore, 28 ans plus tard !

PREMIER VOYAGE DES NORDIQUES EN 1972 (POUR CLEVELAND), AU CENTRE, LE CÉLÈBRE ROCKET RICHARD

Le livre «LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ !»  rappellera aux anciens partisans cette épopée initiale des Nordiques.  Les plus jeunes amateurs de hockey, qui ne l'ont pas connue, apprendront des choses étonnantes et surprenantes à ce sujet.

Un vrai roman plein de rebondissements, et d'actions d'éclats, qui se sont pourtant réellement produits, en ces temps de plus en plus lointains.  Des événements dont il faut absolument se souvenir, pour la postérité !