mardi 18 novembre 2025

LES JOUEURS DE L'AVALANCHE DU COLORADO DANS L'UNIFORME DES NORDIQUES, OU COMMENT TOURNER LE COUTEAU DANS LA PLAIE...



Les dirigeants de l'Avalanche du Colorado, de la Ligue Nationale de Hockey, ont annoncé le 21 octobre dernier que leurs joueurs porteraient l'uniforme des Nordiques à sept reprises, durant la saison 2025-2026, dans le cadre d'une série hommage pour souligner le 30e anniversaire du déménagement de l'équipe.

L'annonce a été faite par voie de communiqué, et on a pu voir, dans une courte vidéo, le président du club, Joe Sakic, revêtir son ancien uniforme, lorsqu'il était capitaine des Nordiques, quand ils évoluaient à Québec.


Ma première impression en le voyant, c’est de remarquer à quel point il a vieilli !  Trente ans de distance ont laissé leur empreinte dans les rides et sur la peau de son visage...  Peut-être que je me fais des idées, mais j'ai l'impression qu'il y avait à la fois un mélange de nostalgie et de fierté dans son regard...

Ce regard résumait en quelque sorte les réactions des partisans de l’Avalanche et des anciens fans des Nordiques, à la suite de l’annonce de la série hommage.



J’ai d’abord été étonné par cette initiative prise par les dirigeants du club de hockey de Denver.  Je me demandais pourquoi leurs joueurs allaient jusqu'à vraiment porter la réplique exacte du chandail des anciens fleur-de-lysés.

Ils avaient porté un uniforme semblable (logo et fleurs de lys) le 20 février 2021, dans un match disputé à l'extérieur, près du lac Tahoe.  Mais c'était avec les couleurs actuelles de l'équipe : bourgogne, blanc et bleu (photo ci-dessus).


J’avoue qu’après la surprise initiale de revoir Joe Sakic avec le chandail des Nordiques, j’ai été décontenancé, puis sous le choc, en tant qu’ancien fervent partisan de l’ancienne équipe professionnelle de hockey de Québec. Ce club tenait tant à cœur aux gens de la vieille capitale. Un attachement émotionnel fort…

C'est comme si les Américains de Donald Trump avaient conquis notre pays, et s'étaient emparés de notre butin...  Une arrière pensée du 51e état u.s., prôné par l'actuel président yankee.



Puis la raison a repris le dessus, et j’ai pensé qu’il s’agissait d’un coup de pub orchestré par le service marketing de l’Avalanche.  Et cette mise en marché a fonctionné !  Le chandail des anciens Nordiques a connu un engouement immédiat.  Presque toutes les tailles étaient épuisées en moins de deux heures, après sa mise en vente.  Les prix variaient entre 210 et 280 dollars canadiens.

Altitude Authentics, le distributeur officiel, a vu son site web ralentir sous la demande, preuve de l'attachement populaire à cette identité visuelle.

Pour moi, ça ressemblait à un partage des dépouilles d'un parent défunt... J'ai trouvé ça triste...


Les fans de l’Avalanche ont réagi de façon partagée à l’annonce de la série hommage : certains voient ce geste comme un clin d'oeil respectueux à l'histoire de la franchise; tandis que d’autres y voient plutôt un coup de marketing, et une provocation envers les anciens supporteurs de Québec, toujours privés de leur équipe.

Certains anciens membres de l'organisation des Nordiques ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme, et se sont dits ravis et touchés d'une telle initiative.  Pour eux, il s'agit d'une marque de reconnaissance honorable et sincère au passé.

À Québec, les émotions étaient particulièrement intenses au moment de la décision prise par les organisateurs du club du Colorado.  Certains ont parlé de fierté mélangée à de la frustration.



D'autres ont plutôt parlé d'insulte, de claque au visage, de vol, de l'usurpation d'un symbole québécois par l'Avalanche, dans un vil but mercantile.

Sur les réseaux sociaux, certains qualifient le geste des Américains du Colorado d’injustice, de coup bas, de rappel de souvenirs douloureux.  Cela ravive la blessure d'une trahison cruelle, et d'un échec choquant, de la part des anciens dirigeants de la province et de la ville de Québec.

De vieux amateurs de hockey de Québec en rajoutent en disant que c'est la réouverture d'une plaie qui n'a jamais guérie, un rappel poignant d'un rêve brisé, et la perte de l'espoir de ravoir un jour un club de la Ligue Nationale à Québec.



Surtout depuis que les discussions de différents intervenants, - comme l'homme d'affaires Pierre Karl Péladeau, et certains représentants du gouvernement québécois - avec le président de la LNH, Gary Bettman, n'aboutissent à rien, depuis plus de dix ans, concernant une nouvelle franchise de la Ligue Nationale à Québec.

Le prix à payer est devenu exorbitant et hors de portée.  On évoque un montant entre un et deux milliards de dollars.  Et les villes mentionnées pour une possible nouvelle expansion dans la LNH sont toutes américaines : Kansas City, Houston, Atlanta... 

Évidemment, la nouvelle génération, celle des moins de 30 ans, ne savait pas de quoi il était question avec toute cette histoire autour de la série hommage de l'Avalanche, puisqu'elle n'a pas connu les Nordiques !  Ces jeunes gens n'étaient pas nées quand le club a déménagé au Colorado !  Ils en avaient vaguement entendu parler par leurs parents, ou ils avaient vu une série télévisée sur la rivalité Nordiques vs Canadiens.


Pour la plupart d'entre eux, l'annonce de la série hommage de l'Avalanche les rendaient complètement indifférents.

Un coup de massue supplémentaire est toutefois arrivé sur la tête des anciens fidèles des Nordiques, quand ils ont appris que Joe Sakic avait demandé aux responsables du Canadien de Montréal, de porter l'uniforme des Nordiques, lorsqu'ils joueront au Centre Bell, le 29 janvier prochain.  Le président et co-propriétaire du CH, Geoff Molson, n'a même pas eu la politesse de répondre à la demande de Sakic et de l'Avalanche.  

Une autre preuve que les propriétaires et l'organisation des Habs ne veulent rien savoir des Nordiques.  Rappelons qu'en 1979, ils avaient voté contre l'admission de cette équipe dans la Ligue Nationale, question, évidemment, de protéger leur marché provincial. 



Pour les anciens partisans des Nordiques, qui détestaient royalement le CH et ses partisans arrogants, c'est un mépris honteux, et un coup de poignard dans le dos.  Et ce couteau sera encore plus enfoncé quand ils verront les Canadiens rendre visite à l'Avalanche, le 29 novembre, à Denver, alors que les joueurs de l'équipe locale revêtiront l'uniforme bleu des Nordiques.

Ça ravivera les anciennes et terribles chicanes entre les fans des Canadiens et ceux des Nordiques, au grand désespoir des témoins plus neutres, qui déplorent ces manifestations "stupides" !

                 

samedi 24 mai 2025

IL Y A TRENTE ANS, LA FIN DES NORDIQUES DE QUÉBEC...


Il y a trente ans, le 25 mai 1995, le président de l'équipe, 
Me Marcel Aubut, annonçait la vente des Nordiques de Québec et leur transfert au Colorado. Un coup de masse sur la tête des partisans des Fleurs-de-lysés qui ne s'étaient jamais résolus à voir un jour leur bien-aimé club de hockey déménager aux États-Unis.

Un choc si terrible qu'il avait même enlevé aux Québécois la force ou le désir de protester ou de manifester leur mécontentement, à l'exception d'une minuscule clique de fidèles des Bleus, dont les cris se perdirent rapidement dans le vide. Un vide immense, triste, assommant, désolant...

Le temps de réaliser vraiment cette perte énorme pour la vieille capitale, la formation, rebaptisée l'Avalanche du Colorado, gagnait la Coupe Stanley, l'année suivante. Ce qui équivalait à tourner le couteau dans la plaie de leurs anciens partisans québécois.


Quelques hurluberlus osèrent fêter ce championnat sur la Grande Allée, à Québec, en prétendant que c'est l'équipe de la vieille capitale qui l'avait remporté. Mais à part eux, tout le monde dans la cité de Champlain savait trop bien que les Nordiques n'auraient pas mis la main sur le précieux saladier de Lord Stanley sans le gardien de buts étoile 
Patrick Roy, le cadeau que Réjean Houle et le Canadien de Montréal ont «donné» à l'Avalanche en décembre 1995, et qui a grandement facilité leur première conquête du trophée emblématique des champions de la Ligue Nationale de Hockey (LNH).


En effet, si les Nordiques n'avaient pas déménagé à Denver, jamais le CH ne l'aurait échangé, en compagnie de Mike Keane, à l'équipe de Québec, sa grande rivale provinciale. Une rivale gênante dont la direction du CH avait tenté de bloquer l'entrée dans la Ligue Nationale en 1979.

Est-ce que le départ des Nordiques aurait pu être évité ? Peut-être, si les politiciens élus par le peuple avaient cru en l'avenir du club. Mais à l'époque, les conditions économiques étaient difficiles, le dollar canadien était faible, et toutes les demandes à l'aide de Marcel Aubut, y compris l'établissement d'un plafond salarial pour les joueurs, avaient été rejetées.


Pas de nouveau Colisée, pas de casino pour servir de moyen de financement, pas d'ouverture au niveau de la mairie de Québec (maire Jean-Paul L'Allier), aucun secours du gouvernement péquiste de Jacques Parizeau (photo ci-dessus).  Quelques années plus tard, le 31 janvier 2001, quand le Canadien sera en difficulté, le gouvernement provincial sera bien plus accommodant en consentant un prêt avantageux à l'américain George Gillett Jr pour qu'il achète le club et le Centre Molson pour 275 millions de dollars. 

Les habitants de la région de Québec, déchus de leur club de hockey professionnel par le gouvernement Parizeau, feront d'ailleurs payer cher cette rebuffade aux péquistes. Un "oui" très timide de leur part au référendum du mois d'octobre 1995, a possiblement privé les souverainistes de la mince marge qui leur aurait procuré la victoire.

Par la suite, les électeurs de Québec n'ont jamais plus fait confiance au Parti Québécois pour les représenter à l'Assemblée Nationale. Je ne prétends pas que c'est uniquement à cause du dossier du départ des Nordiques, mais cela a pu être un facteur qui a laissé un arrière-goût amer dans la bouche des partisans endeuillés des Fleur-de-lysés...