mercredi 2 mai 2012

CONTESTATION JUDICIAIRE DE L'ENTENTE ENTRE QUÉBEC ET QUEBECOR : DE BELLEVAL N'A PAS DE LEÇONS DE DÉMOCRATIE À DONNER AU MAIRE LABEAUME.


À Québec, une bonne majorité de la population appuie, presque sans réserve, le maire Régis Labeaume dans sa conduite des affaires de la ville.  C'est notamment le cas en ce qui concerne le dossier de la gestion du futur amphithéâtre de 400 millions de dollars, dont la construction doit démarrer en septembre prochain.  Cependant messieurs Denis de Belleval et Alain Miville de Chêne contestent devant les tribunaux la légalité des décisions prises par le maire Labeaume lorsqu'il a signé une entente avec P.K. Péladeau, du groupe Quebecor, pour la gestion du nouveau Colisée.  C'est leur droit et la Justice décidera s'ils ont raison ou pas.  Cependant, les gens de Québec voudraient bien savoir pour quels motifs De Belleval et son comparse dépensent autant d'argent pour prouver leur point.  Certains disent qu'ils sont à la solde de la compagnie Bell qui était semble-t-il un rival de Quebecor pour l'obtention du contrat de gestion du nouveau centre multi-fonctionnel de la capitale nationale.  D'autres soupçonnent un règlement de compte ou un conflit de personnalité entre le maire et De Belleval, qui a été directeur générale de la municipalité pendant dix ans (1990-95 et une seconde fois de 2001 à 2006 même s'il avait eu une grosse prime de départ après son premier mandat).  Le principal intéressé affirme simplement qu'il agit pour défendre la démocratie, qui selon lui, a été bafoué dans cette affaire, parce qu'il n'y a pas eu d'appel d'offres pour choisir le gestionnaire de l'amphithéâtre à bâtir.


Les scrupules démocratiques de monsieur de Belleval en font rire plusieurs.  Quand on connaît un peu le bonhomme qui aura bientôt 73 ans, on sait qu'il ne s'est jamais trop entiché des grands principes démocratiques comme il le fait pourtant maintenant.  Par exemple, dans la seconde moitié des années 1980, lorsqu'il a probablement profité du bon patronage de son ami, l'ex-Premier Ministre Brian Mulroney, pour décrocher des postes de directeur-général de la Société des Ports, puis, de Via Rail, on ne sait pas si M. De Belleval a passé à travers un processus d'appel d'offres ou si ce dernier processus a été biaisé en sa faveur.  On a cru à l'époque qu'il a dû être favorisé.  On le croit encore aujourd'hui...




Un membre de ma famille, qui, au début des années 1980, travaillait à l'Assemblée Nationale du Québec, a connu De Belleval qui venait alors de perdre son porte-feuille de ministre parce qu'il n'était plus solidaire des décisions du gouvernement de René Lévesque.  Frustré et désenchanté après son expulsion du conseil des ministres, l'ex-ministre des Transports (1979-81) et de la Fonction Publique (1976-79) adopta alors, jusqu'à sa démission comme député en décembre 1982, un comportement qui était loin d'être celui d'un parfait démocrate.  En effet, durant les sessions de travail, il faisait le fanfaron et se comportait en étudiant cabotin autant au salon bleu que dans les différentes commissions auxquelles il "participait".  Dérangeant souvent ses collègues par son attitude déplorable en contant des farces plates ou des plaisanteries de mauvais goût, les gens, que ce soit le personnel de soutien du parlement ou les parlementaires eux-mêmes, ne savaient pas trop comment réagir en le regardant niaiser et se moquer de l'institution qu'est l'Assemblée Nationale.  Certains collègues, que l'on peut classer dans ses amis, riaient "jaune", d'autres députés ou employés étaient déçus ou gênés, d'autres enfin, comme Claude Ryan, étaient littéralement en colère et offusqué des écarts de conduite de De Belleval.  Ryan avait même demandé instamment son expulsion du salon bleu au président de l'Assemblée Nationale.


Pour continuer dans la même veine, un jour d'automne, en 1982, une alerte d'incendie résonna soudain dans le Parlement.  Tout le monde dut sortir de l'édifice même si la majorité des gens croyaient à une fausse alerte.  La personne de ma famille, qui travaillait là, se retrouva sur la pelouse près de l'édifice du Parlement.  Effectivement, de la fumée s'échappait d'une partie de ce joyau du patrimoine québécois.  Les témoins de la scène craignaient que l'incendie s'étende et consume le bâtiment tout entier.  Quelle ne fut pas la surprise de la personne de ma famille quand elle entendit l'homme à ses côtés s'écrier en riant : «Si ça peut donc tout brûler !».  Cet homme, vous l'aurez deviné, était Denis De Belleval.  Un grand démocrate et un grand Québécois !!!  Celui qui est parent avec moi lui demanda comment il pouvait souhaiter une telle horreur.  De Belleval lui répondit que le Parlement était désuet et non fonctionnel et que ça prenait un édifice moderne à sa place...


On peut donc se gargariser (comme l'a fait De Belleval devant le tribunal hier) de citations des plus grands fervents défenseurs de la démocratie (Rousseau, Voltaire, Tocqueville, Twain et Orwell) durant un jugement portant sur de prétendues irrégularités contractuelles et souhaiter, d'un autre côté, que notre plus grande institution démocratique parte en fumée.  Assez spécial et peu orthdoxe, vous serez d'accord avec moi...  Pardonnez-moi de ne pas prendre au sérieux ce genre d'homme qui déchire sa chemise pour des principes qu'il a déjà bafoués...  Il faut croire qu'il aime encore se donner de l'importance.  Une importance qu'il n'a plus.  Si la Justice penche en sa faveur, non seulement l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor serait remise en question ou annulée, mais le maire Labeaume pourrait être destitué de son poste.  Juste à penser à ce scénario, même s'il est hautement improbable, ça doit faire jouir monsieur De Belleval...  Bien plus, en réalité, que son soi-disant désir de sauver la démocratie et de servir ses concitoyens en jouant à la vierge offensée.