samedi 30 juillet 2011

NOUVEAU COLISÉE DE QUÉBEC : UNE VÉRITABLE TOUR DE BABEL...


N.B. Il s'agit d'un texte publié originalement le 28 janvier 2011 sur mon blogue CH comme dans torCHon... Depuis, cette affaire a connu de nouveaux rebondissements devant les tribunaux et au Parlement de Québec...

Pendant que les fefans moronréalaids prient pour que les Nordiques ne reviennent pas hanter leurs CanaDindes, on en voit de toutes les couleurs dans le dossier du projet du nouveau Colisée de Québec. Ouais, il y a tellement de mensonges, de divergences de points de vue, de suppositions, d'informations cachées et de demi-vérités dans ce roman savon, qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Un vrai échafaudage de Tour de Babel autour duquel personne ne parle le même langage ni ne s'entend sur les mêmes objectifs et les mêmes moyens pour les atteindre. Tout y passe ! Les intervenants s'enfargent les uns sur les autres quand ce n'est pas sur les fleurs du tapis. Au rythme de l'avancement du dossier, des "jamais" deviennent des "peut-être" ou des "oui si...". C'est à qui paiera quoi et vice versa... Le gouvernement provincial s'est engagé à payer 45% de la patente; le municipal a promis 10% et peut-être plus si... Du côté du secteur privé, diverses compagnies seraient prêtes à investir "si" et "re-si"...; et finalement, le fédéral se fait tirer l'oreille, non satisfait des propositions et des plans trop brouillons qu'il y a sur la table du maire de Québec, Sir Lancelot Labeaume.



En fait, la ministre Josée Verner et le caucus des députés conservateurs de la région de Québec ont péché par excès d'enthousiasme en revêtant trop précocement le chandail des Nordiques (après que le provincial ait embarqué dans le projet). Ils ont supposé que leur gouvernement suivrait automatiquement celui de Charest. Leur geste non réfléchi a entraîné une levée de boucliers au Canada anglais qui ne voulait pas perdre cette magnifique occasion de pratiquer son sport favori : le Quebec Bashing... Voyant tout de suite leur réélection assurée par le retour des Nordiques qui suivrait normalement le O.K. pour le nouveau Colisée, les Bleus de Québec ont vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Leur boss Stephen Harper les a ramenés sur terre après quelques coups de téléphone de ses amis des provinces de l'Ouest qui exigent aussi leur nanane après avoir fourni bien des $$$ à la caisse électorale des Conservateurs. Oubliant le Colisée pour ne voir dans cette affaire que le retour d'un club de millionnaires du hockey à Québec, Harper a tranché en disant que c'était au secteur privé de s'arranger avec le dossier. Puis, face à l'éventuelle défection des électeurs québécois à l'égard du Parti Conservateur (possible balayage du Bloc Québécois dans la région), advenant la non-participation fédérale au projet, Verner et ses subalternes se disent maintenant ouverts à une contribution d'Ottawa si le privé investit des sommes substantielles. Encore là, cette ouverture est conditionnelle à la présentation d'un plan d'affaire nettement plus précis et détaillé que les vagues études (marge d'erreur de 75% dans les calculs économiques) qui ont été déposées jusqu'ici au bureau du maire Labeaume.



C'est vrai que ce n'est pas aisé de débrouiller ce paquet informe de bouts de propositions qui résultent d'engagements conditionnels à ceci ou à cela. Une véritable partie d'échecs où chaque mouvement d'une pièce sur l'échiquier en entraîne d'autres. Avec trois ou quatre paliers de gouvernement impliqués (et donc une multitude de sous-paliers sous-jacents qui barbottent dans la même eau); avec tous ces politiciens qui ressemblent bien plus à des putes qu'à des députés (des putes députées) et qui veulent tirer des bénéfices électoraux de l'affaire; avec ces hommes d'affaires qui veulent avoir leur part du gâteau si jamais il y a des retombées intéressantes (c.f. graissage dans l'industrie de la construction, entre autres magouilles); avec un P.K. Péladeau qui a peur de voir ses plans s'effondrer (il a besoin du contenu médiatique généré par les opérations d'un club de la NHL pour concurrencer ses rivaux Bell et Rodgers) si le projet du Colisée tombe à l'eau; ça fait bien du monde autour de la table qui doit accorder leurs violons. Pas évident !



Question à plusieurs dizaines de millions de beaux bidous, la bâtisse sera-t-elle presque entièrement en bois (comme le demande le lobby de l'industrie forestière) ou si elle sera érigée surtout sur des poutrelles d'acier ? On parle d'une différence de prix pouvant aller jusqu'à 80 millions de $. Ce qui n'est pas rien ! En échange de son investissement (dont on ignore le montant exact), Péladeau exigerait, semble-t-il, la gestion du building, non seulement pour le hockey de la NHL mais pour l'organisation de spectacles. Admettons qu'il fournisse le quart des sommes requises pour bâtir le nouveau Colisée, est-il juste qu'il s'adjuge la gérance de toute la business (et d'hypothétiques profits) dans laquelle les contribuables auront assumé 75% des coûts ? PKP aura-t-il un loyer à payer à la Ville ? A-t-il une entente avec la NHL pour le transfert d'une équipe dans la vieille capitale ? Les citoyens de Québec et les clients du Colisée auront-ils des taxes à payer sur leur compte de taxes municipales ou sur les billets de hockey et de spectacle ? Qui assumera les risques des opérations financières ? Qui épongera des déficits possibles ?



Bien des ficelles restent à attacher dans ce projet, et bien des négociations doivent être menées habilement pour trouver les moyens d'assurer sa réussite ou sa viabilité à long terme. Il serait préférable que ces discussions n'aient pas lieu sur la place publique, pour éviter les déclarations intempestives nuisibles au processus de décision et de concertation. Il faut départager les devoirs, les responsabilités et les bénéfices de chacun des intervenants. Bien sûr, cela aurait été bien plus facile et simple si un mécène milliardaire s'était amené et avait pris la totalité du projet sur ses épaules. Mais ce n'est pas le cas. Ce doit être le fruit d'un effort collectif, d'un partenariat public-privé, quoi qu'en dise le maire Labeaume, qui avait affirmé plus tôt, que seuls "les grands talents" osaient croire que le privé pouvait défrayer les coûts de ce genre d'entreprise de construction d'un équipement public ou communautaire. Toutes les parties ont intérêt à s'entendre pour satisfaire la ferme et forte volonté de la population de Québec de bénéficier d'un équipement de développement économique essentiel à sa croissance et à ses ambitions, y compris celle de pouvoir supporter un club de hockey afin de la représenter aux quatre coins de l'Amérique et de botter le derrière des Rouges de Mourial...